Archives de Catégorie: Science-fiction

Tout ce qui se passe dans le futur !

Nos temps contraires

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Bien le bonjour bande de gens, j’espère que vous allez bien ! A l’heure où je vous écris, j’essaie de me motiver pour prendre un peu soin du jardin. Monsieur s’occupe de la majeure partie et heureusement, car je n’ai pas vraiment la main verte 😛 Mais je n’aime pas l’idée de lui laisser toutes les corvées, donc je dis et répète depuis plusieurs semaines que je vais m’occuper des rosiers ; lesquels ont été plus ou moins laissés à l’abandon et à la folie de la pousse en désordre car l’ancien locataire ne s’en était jamais occupé. Je vous dis pas le plat de spaghettis que font les branches, à tel point que je suis tentée de carrément couper, déraciner et replanter un nouveau plant. La patience dans ce domaine n’est pas mon fort ^^’

Nouvelle chronique littéraire ! Je vous propose de découvrir une petite série de manga, terminée en 9 tomes, de Gin Toriko : Nos temps contraires. Il s’agit d’un manga de science-fiction, et j’étais d’autant plus intriguée que je n’en lis pas souvent ! J’ai profité d’une exposition à la bibliothèque qui met en valeur plein de séries différentes, avec à mon grand dépit seuls les premiers tomes : découverte, bonheur et frustration de l’attente avant de pouvoir enfin lire la suite XD Vais-je ou ne vais-je pas craquer pour savoir la fin de ce manga ? 😛

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Premières lignes… #303

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Nouveau dimanche, nouvelle découverte ! Je continue le rendez-vous que j’ai trouvé chez Book & share, et inauguré par le blog Ma Lecturothèque 🙂 Le principe de ce post est de prendre un livre chaque semaine pour vous en citer les premières lignes.

Debout à quelques mètres de la place Mmanthatisi, l’homme n’avait d’yeux que pour la femme. Celle qui se tenait au centre, tel un soleil couchant ayant déposé son rougeoiement sous la verrière. La veille, lors d’une de ces sorties officieuses dont il ne pouvait se passer, la marche du mokonzi l’avait mené à cette place. Il y en avait un peu partout à travers Mbanza, en dehors de certains quartiers résidentiels. Leur concepteur avait observé les habitudes populaires dans cette partie du Continent, une propension à délaisser les espaces prévus aux fins de réunion ou de flânerie. Dans les métropoles d’autrefois, seuls quelques fantaisistes prenaient plaisir à arpenter les nzela nettes des parcs et jardins publics. Les autres, plus nombreux, s’attroupaient de préférence sur le côté, le long des murs, au bord des trottoirs. Cette façon de regarder les choses depuis la marge, de rendre cette dernière centrale en s’y regroupant, n’avait pas changé avec les décennies. Aussi l’urbaniste avait-il eu l’idée de végétaliser des pans de mur, de fixer au-dessus des verrières de forme convexe. Par temps de pluie, une trentaine de personnes pouvaient s’abriter dessous. Quand il faisait beau, les places accueillaient toutes sortes de rassemblements. On y venait aussi en passant, pour le plaisir de voir les autres, d’être en leur compagnie. Ilunga aimait à se tenir aux abords de ces lieux, sur les branches basses de l’un des grands arbres bordant la chaussée. L’homme pouvait ainsi entendre parler les gens, ne pas attendre les rapports de la Sécurité intérieure ou des mikalayi sur l’état de l’opinion. Il en profitait aussi pour se rendre compte par lui-même de la qualité des relations sociales, observant en particulier le comportement des agents de l’administration. L’avènement du Katiopa unifié était récent, il importait que la population n’ait à formuler que des reproches mineurs. Pour cela, les fonctionnaires, quels que soient leurs grade et attributions, devaient faire preuve de souplesse, de patience. Il s’agissait d’accompagner la mise en place de nouvelles règles. Plus que des codes à respecter dorénavant, elles participaient d’une vision de soi plus saine. Comme tous les membres de l’Alliance qui avait pris le pouvoir quatre années plus tôt, Ilunga était déterminé à réussir là où la fédération précédant le Katiopa unifié avait échoué. Elle avait en partie aboli les frontières héritées de l’ère coloniale, ce qui était, depuis l’époque de la toute première Chimurenga, l’une des aspirations les mieux partagées par les combattants pour la souveraineté du Continent. La fédération avait cependant failli, n’ayant pas assez travaillé à obtenir l’adhésion des masses à cette partie cruciale du projet de libération. 
Au fil des décennies, les habitants du Continent avaient assimilé un ordre des choses bénéficiant à d’autres. Beaucoup avaient foi en la nation telle qu’elle leur avait été imposée, et s’accrochaient à cette conception belliciste de l’appartenance à un territoire. Les temps ancestraux avaient été balayés, ne laissant, dans le sillage de leur disparition, que des identités fissurées. Les fédéralistes avaient caressé le rêve de la restauration, se heurtant à une aporie. Ils avaient cru remonter les siècles, vivre l’histoire à rebours. Leur aveuglement, la violence de leurs méthodes, avaient fait naître çà et là des frondes d’envergure variable. Tous s’accordaient sur les problèmes, s’affrontant quant à la manière de les résoudre. La fédération avait ajouté du chaos au chaos, ne se donnant d’autre option que celle d’un totalitarisme qui précipiterait sa chute. De son côté, l’Alliance s’était constituée avec patience, ses théoriciens faisant le choix d’inscrire, dans l’appellation du mouvement, la volonté qu’il convenait de mettre en œuvre. Une vision tenant compte de la réalité, un rêve pragmatique. Surtout, cesser de propager l’idée d’un lien organique, charnel, entre les peuples de Katiopa. Qu’il y ait eu là une vérité ou qu’il se soit agi d’un fantasme n’était pas la question. Il fallait au contraire assumer les différences, les inviter, pour des raisons objectives, à se joindre les unes aux autres sous une même bannière. Forger une conscience nouvelle. La Première Chimurenga avait eu lieu bien avant la venue au monde d’Ilunga, dans des temps troubles pour le monde. L’humanité, à la fois affolée par les conséquences de ses actes et infatuée d’elle-même, se croyait l’origine d’un nouveau temps géologique. Elle en était terrifiée, elle s’en félicitait. L’humanité… Enfin, ceux qui s’étaient arrogé le droit de parler et d’agir en son nom. 

Premières lignes… #297

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Anastasia était déjà morte une première fois à l’âge de sept ans, et depuis elle croyait en l’existence des Anges. Ses parents avaient acquis une ferme à Sarsa de Surta, en bordure de la sierra de Guara, alors qu’elle n’était encore qu’une promesse dans le ventre de sa mère. À l’époque, le village possédait une source, alimentée par un bras souterrain du río Vero. L’eau qui sortait du robinet était un pur miracle, et en qualité d’eau miraculeuse elle coulait, fraîche et limpide, dans une vasque en ciment adossée au mur de la chapelle qui avait donné son nom au hameau. Tout le monde pouvait y remplir sa gourde ou boire dans ses mains en coupe, sans demander l’autorisation de personne ni payer aucune taxe. Le village comptait une douzaine d’habitants, et son activité économique tournait principalement autour de La Casa de Laura, une auberge tenue par un couple de Belges qui en avaient fait l’acquisition au début des années vingt. Tous les matins, ils déposaient leur progéniture à l’abribus au bord de la N-220, à quatre kilomètres de là, pour le ramassage scolaire, et tous les matins Nas les regardait partir avec un drôle de pincement au cœur. Ses parents, en effet, avaient une conception hautement personnelle de ce que devait être l’éducation de leur fille, et ils n’avaient jamais pris la peine de l’inscrire dans un établissement officiel. Nas s’estimait satisfaite de ne pas avoir à rester assise pendant des heures en classe, comme devaient le faire ses petits voisins. Mais quand même, parfois, elle aurait bien aimé monter elle aussi dans ce bus de ramassage scolaire.
La mère de Nas travaillait sur Piau-Engaly en hiver, et elle réalisait des traductions littéraires l’été. Ce dernier métier ne payait pas beaucoup, car il consistait à réviser des textes déjà entièrement traités par des systèmes informatiques spécialisés. Quant à ses emplois saisonniers, ils avaient aussi tendance à se raréfier. Les touristes se plaignaient de la mince couche de poudreuse maintenue à grand renfort de canons à neige. Ces machines fonctionnaient en continu de décembre à février et consommaient une quantité effarante d’électricité. Il aurait fallu investir dans une centrale solaire, mais la région hésitait, à cause des hivers de plus en plus courts et du taux de remplissage des stations qui ne cessait de chuter, comme partout ailleurs en moyenne montagne. Il arriva même, une année particulièrement douce et pluvieuse, que sa mère ne parte pas du tout. Pour Nas, ce fut l’un des Noëls les plus heureux de son enfance. Ensemble, elles avaient passé les longues soirées venteuses de décembre à décorer la maison. Sa mère lui avait montré comment tremper de petites pommes de pin dans un pot de peinture dorée, et elles avaient recopié des calligrammes sur des bouts de papier coloré pour en faire des guirlandes. Il y avait toujours une casserole de vin chaud sur le poêle, et ça sentait bon l’écorce d’orange et la cannelle. Un matin, elles avaient trouvé les amandiers sur les collines autour de la maison tout couverts de givre, on aurait cru qu’ils avaient fleuri dans la nuit.

La rencontre avec l’Ange s’était produite au début de l’été. Son père l’avait emmenée voir les peintures rupestres qui décoraient les grottes à flanc de falaise dans le parc naturel du río Vero. Nas n’avait que sept ans, mais elle partait souvent avec lui pour des expéditions qui pouvaient parfois durer plusieurs jours. Paléolithique, levantin, schématique, son père lui expliquait les différents styles avec des histoires qui ne l’ennuyaient jamais. Elle imaginait les chants de ces danseuses groupées autour du corps encore chaud d’une biche, dans des paysages de toundra. Les animaux flottaient sur la scène comme des esprits familiers, protecteurs. Ce jour-là, ils avaient prévu de descendre jusqu’au fond du canyon pour poursuivre la balade. Trois cents mètres de dénivelé, au pas de course, facile. Après le pique-nique, chacun avait soigneusement rangé ses déchets et Nas s’était éloignée pour faire ses besoins.
Avec la chaleur, l’eau du Vero avait pris une couleur un peu trouble, presque laiteuse. Mais en certains endroits plus profonds, elle gardait sa belle teinte émeraude et on avait envie d’y plonger tête la première. Nas avait marché jusqu’à un petit cirque délimité par des éboulis, à distance du cours de la rivière. En revenant, elle avait emprunté un chemin différent, ce qui l’avait obligée à contourner un énorme rocher en équilibre au-dessus d’une cascade. Juste derrière, au pied des falaises, la carcasse d’un vautour pourrissait au fond d’une marmite naturelle, les ailes déployées, le corps déjà à moitié décomposé. Nas n’en fut pas surprise : il y avait beaucoup de vautours dans le canyon et il n’était pas rare de voir des juvéniles tombés de leur nid. Celui-ci, en revanche, était un adulte de belle taille. Il avait dû mourir de maladie.
Surmontant le sentiment de répulsion que lui inspirait l’odeur de putréfaction, Nas s’était approchée avec curiosité. L’œil voilé d’une couche vitreuse la fixait comme s’il avait été animé d’une intention. Soudain, un sursaut avait agité les flancs de la dépouille. L’oiseau n’était pas complètement mort. Nas aurait même juré voir la tête pivoter au bout de son cou décharné. Elle avait reculé d’instinct. Son pied avait glissé sur la roche humide, et elle avait basculé en arrière.

Rêves de machines

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Bien le bonjour bande de gens, j’espère que vous allez bien ! Au moment où je vous écris ces lignes, j’attends avec impatience la fin de la semaine : nous sommes juste avant Noël, et je vais avoir une semaine de congés bien pépouze ❤ J’ai hâte, je vais sûrement prévoir bien plus de choses que je n’aurais le temps d’en faire, mais à ce stade, je m’en calice ! Juste, une semaine rien qu’à moi, sans le boulot, et où je pourrai (presque) me barricader dans ma maison et mon plaid. Je devrais faire ça plus souvent XD

Nouvelle chronique littéraire ! Un p’tit roman de SF qui me bottait carrément, j’avais hâte qu’il sorte de la PAL 🙂 Sorti en France en 2017, voici Rêves de machines de Louisa Hall, une autrice et poétesse vivant aux Etats-Unis. Son roman fait partie d’un petit lot que je m’étais offert, quand j’avais vu que mon stock de romans de SF était scandaleusement peu élevé, sans parler de ceux écrits par des femmes. Donc vwalà, un p’tit tour en librairie et le tour est joué ^^

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Premières lignes… #296

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Nouveau dimanche, nouvelle découverte ! Je continue le rendez-vous que j’ai trouvé chez Book & share, et inauguré par le blog Ma Lecturothèque 🙂 Le principe de ce post est de prendre un livre chaque semaine pour vous en citer les premières lignes.

Il faisait de plus en plus chaud.
Frank May quitta son petit matelas et s’avança jusqu’à la fenêtre. Murs et tuiles ocre, couleur de l’argile locale. Immeubles carrés, comme celui où il se trouvait, toits-terrasses occupés par des résidents qui y dormaient la nuit pour échapper à la chaleur des appartements. À présent, certains d’entre eux regardaient vers l’est par-dessus les garde-corps. Ciel du même ocre que les immeubles, teinté de blanc là où le soleil ne tarderait pas à apparaître. Frank prit une longue inspiration. Qui lui rappela aussitôt l’atmosphère des saunas alors que c’était le moment le plus frais de la journée. Il n’avait pas passé plus de cinq minutes de sa vie dans un sauna, faute d’apprécier la sensation. L’eau chaude, d’accord ; l’air chaud et humide, non. Pourquoi s’infliger une telle impression d’étouffement ?
Ici, impossible d’y échapper. Frank n’aurait pas accepté le poste s’il avait su. Cette ville était jumelée à la sienne, mais ce n’était pas la seule, de même qu’il existait d’autres structures humanitaires. Il aurait pu travailler en Alaska. Sans que sa propre sueur lui pique les yeux. Il était déjà trempé, son short aussi, le matelas aussi, là où il avait essayé de dormir. Il crevait de soif mais la bouteille près du lit était vide. Toute la ville résonnait du bruit des climatiseurs, qui bourdonnaient comme des moustiques géants.
Puis le soleil surgit sur l’horizon. Avec l’éclat d’une bombe atomique, ce qu’il était par définition. Le contre-jour assombrit champs et bâtiments dans cette direction, tandis que la tache lumineuse s’élargissait, devenait un croissant aveuglant. La chaleur qui en émanait gifla Frank. Les radiations solaires lui brûlaient la peau. Ses yeux baignés de larmes ne voyaient plus grand-chose. Tout était ocre ou beige ou d’un blanc insoutenable. Une ville ordinaire de l’Uttar Pradesh à 6 heures du matin. Il consulta son téléphone : 38 °C. Ce qui faisait en Fahrenheit – il pianota – 103°. Humidité aux alentours de trente-cinq pour cent. C’était cette conjonction le vrai problème. Quelques années auparavant, il se serait agi de l’une des plus hautes températures humides jamais enregistrées. Non pas d’un simple mercredi matin.
Des gémissements affligés montèrent du toit d’en face. Cris d’horreur poussés par deux jeunes femmes penchées sur le garde-corps, vers la rue. Quelqu’un sur ce toit ne se réveillait pas. Frank s’empressa d’appeler la police. Pas de réponse. Dur de savoir si la communication passait. Des sirènes retentirent, distantes, comme noyées. Avec l’aube, les gens trouvaient des dormeurs en détresse et ceux qui ne se réveilleraient jamais de cette longue nuit torride. Alors ils cherchaient de l’aide. Les sirènes indiquaient que certains appels avaient abouti. Frank vérifia de nouveau son téléphone. Chargé, connecté. Mais aucune réponse du poste de police qu’il avait déjà contacté plusieurs fois depuis son arrivée quatre mois plus tôt. Encore deux mois à tirer. Cinquante-huit jours, beaucoup trop. Le 12 juillet et toujours pas de mousson en vue. Il fallait se concentrer sur chaque journée, une à une. Avant de retourner à Jacksonville en Floride, ridiculement fraîche par comparaison. Frank aurait bien des histoires à raconter. Mais ces pauvres gens sur le toit d’en face…
Le bruit des climatiseurs cessa d’un coup. Provoquant d’autres cris d’horreur. Plus de connexion sur le téléphone. Plus d’électricité. Baisse de tension ou coupure totale ? Les sirènes beuglaient comme tous les dieux et déesses du panthéon hindou.
Les générateurs prirent le relais, engins braillards à deux temps. Carburant illégal – essence, gazole ou kérosène – gardé en réserve pour ce genre d’occasion, passant outre la loi qui imposait le gaz naturel liquéfié. L’air, déjà pollué, ne tarderait pas à s’emplir de vapeurs d’échappement. Autant se mettre le pot d’un vieux bus sous le nez.
Frank toussa rien que d’y penser. Il voulut s’abreuver mais la bouteille était toujours vide. Il l’emporta en bas, la remplit d’eau filtrée au bidon placé dans le réfrigérateur de la réserve. L’eau était encore fraîche malgré la coupure de courant et le resterait un moment dans la bouteille isotherme. Il y ajouta un comprimé d’iode pour faire bonne mesure puis vissa fort le bouchon. Le poids de l’eau le rassura.