Archives de Catégorie: Peintres et dessinateurs à découvrir

Ici vous trouverez des artistes qui me plaisent et que j’ai envie de partager avec vous : peintres, graphistes, illustrateurs en tout genre, j’espère qu’ils vous feront vibrer autant que moi <3

Quelques minutes après minuit

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Bien le bonjour bande de gens, j’espère que vous allez bien ! J’ai le hoquet. Et pour que je vous en parle, croyez-bien que celui-ci m’agace bien, impossible de m’en débarrasser… J’ai tout essayé, retenir ma respiration, boire un verre d’eau en retenant ma respiration, mater un film d’horreur avec des jumpscare pour avoir peur, rien n’y a fait. J’attends désespérément le retour de mon compagnon pour essayer sa technique, d’autant plus énervante qu’elle marche en dépit de toute logique : quand je lui dis que j’ai le hoquet, il me répond « Prouve-le ! ». Et ça fonctionne. Apu le hoquet. Que quelqu’un m’explique cette sorcellerie.

Nouvelle chronique littéraire ! Une autre découverte faite au boulot, c’est fou les pépites qu’on découvre quand on travaille en bibliothèque 😀 Et un joli hasard en prime pour celle-ci ! J’avais vu il y a quelques années le film A Monster Calls, sorti en 2017 : un énorme coup de coeur, et aussi une histoire qui m’a fait pleurer comme une madeleine ❤ Je ne le savais pas en prenant le livre Quelques minutes après minuit, mais il s’agit du livre qui a inspiré le film ! Bien évidemment, j’ai reversé ma p’tite larme, et j’ai super envie de revoir le film ^^ L’histoire est née d’une idée de Siobhan Dowd, une auteure britannique engagée pour les droits de l’homme ; elle est malheureusement décédée d’un cancer du sein avant de pouvoir écrire cette histoire. C’est l’écrivain Patrick Ness qui a pris le relai en 2012, et avec brio ! Sans oublier qu’on a également droit aux sublimes illustrations de Jim Kay 😛

Résumé : Depuis que sa mère est malade, Conor redoute la nuit et ses cauchemars. Quelques minutes après minuit, un monstre apparaît, qui apporte avec lui l’obscurité, le vent et les cris. C’est quelque chose de très ancien, et de sauvage. Le monstre vient chercher la vérité.

Mon avis :

J’avais adoré le film, le livre fut un énorme coup de cœur. Les illustrations ont beaucoup fait, je ne vous le cache pas : tout de noir et blanc, tantôt brumeuse, tantôt furieuses comme en pleine tempête et surtout incroyablement puissantes. Les scènes, les poses, les décors, tout vous fait sentir incroyablement petit à côté du gigantesque monstre de l’histoire. J’aurais pu rester les admirer pendant des heures, et maintenant que j’ai rendu le livre, j’ai hyper envie de me l’offrir pour moi 😀 Je vous conseille vraiment de jeter un oeil au travail de Jim Kay, d’autant plus qu’aujourd’hui il est celui qui s’occupe des illustrations des grandes et belles éditions reliées de Harry Potter… et clairement, elles ont de la gueule ! Pas autant que celles de Quelques minutes après minuit, mais quand même ^^

Passons à l’histoire, et quelle histoire ! La mère de Conor, atteinte d’un cancer, se bat chaque jour contre la maladie, avec un optimisme débordant. Un optimisme qu’elle tente tous les jours de communiquer à son fils ; pourtant, Conor souffre de terribles cauchemars, ou plutôt d’un cauchemar en particulier… mais hors de question qu’il en parle. Jamais.
Le jour où l’if géant prend vie, et devient un monstre géant sous ses yeux, Conor a peur. Mais le monstre n’est pas là pour le tuer. Au contraire. Il va lui raconter trois histoires. Après ces trois histoires, ce sera au tour de Conor de lui raconter son cauchemar, de gré ou de force…

Ce n’est pas difficile de voir d’où venait l’inspiration de Siobhan Dowd pour son histoire, ce qui la rend d’autant plus poignante. Le livre témoigne de manière très juste et touchante de la douleur de Conor face à la maladie de sa mère. Il est furieux, il a peur, et plus il tente d’échapper à sa situation, plus le regard des autres le rend fou.
L’évolution de ses émotions, grâce aux histoires de l’arbre, est magnifique, aussi originale que belle. En effet, aucune de ces histoires ne ressemble à un conte pour enfant, avec une frontière nette entre le bien et le mal. Conor est perdu. A quoi riment ces histoires où rien ne va comme il faudrait et où tout semble disproportionné et injuste ? En quoi vont-elles aider sa mère, sa mère qui croit tant au pouvoir guérisseur de l’if ?

C’est une lecture rapide et pourtant, combien j’aurais aimé qu’elle dure plus longtemps ! La plume de Patrick Ness est très fine, et l’histoire touche en plein cœur. Surtout ne passez pas à côté de ce livre, ni du film, dont les effets spéciaux et la narration sont largement à la hauteur du challenge ❤

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Ma p’tite collection d’artbooks : Mathieu Coudray

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Bien le bonjour bande de gens, j’espère que vous allez bien ! Je vous propose aujourd’hui de découvrir un nouvel artiste dont je suis fan, et pour lequel j’ai craqué en voyant ses artbooks ^^ Je crois même que ça a été l’un de mes tout premiers achats en financement participatif : mes dames et sieurs, un tonnerre d’applaudissement sur votre clavier pour Mathieu Coudray ❤

Si Yuumei a été mon premier craquage dans le monde du crowdfunding, Mathieu Coudray est un artiste que j’ai découvert lors d’une de mes premières conventions : c’était au Salon du Fantastique de 2017 ! Je lui avait pris trois superbes illustrations, qui aujourd’hui encore décorent fièrement mes étagères de livres. Je vous ai déjà un peu parlé de lui, et j’en ai remis une couche avec Le Carnaval aux Corbeaux, écrit par Anthelme Hauchecorne et illustré par notre héros du jour ^^

J’ai bien évidemment craqué pour son Registre des Chats Imaginaires : vous aimez les chats ? Vous aimez la fantasy ? Say no more, vous aimerez aussi ce très beau recueil qui nous présente des chats venus de tous les bords de l’imaginaire, en passant par le steampunk, la littérature et diverses mythologies. J’ai adoré cet univers félin et colorées, les illustrations sont superbes avec de jolies références et bien entendu, j’ai mes préférés, dont la sublime Lady Blanche 😀 Cerise sur le gâteau, le texte qui invente une histoire et des documents d’archives pour chacun des chats. Le pompon sur la cerise du gâteau, c’est… qu’il va y avoir un volume 2 ❤ Je vous laisse le lien vers le futur financement Ulule, pour ne rien louper du projet et vous offrir quelques goodies au passage !

Mais ce n’est pas mon oeuvre préférée de Mathieu Coudray. Mon coup de coeur va sans hésiter à son artbook Ombre/Lumière, qui comme le titre l’indique est entièrement en noir et blanc. Et, si vous connaissez mon propre style de dessin, vous savez que j’adore tout particulièrement le noir et blanc. Et qu’est-ce que je me suis régalée avec cet artbook ! L’univers, la créativité de Mathieu Coudray y sont bluffants. On y retrouve notamment des dessins réalisés à l’occasion de challenges comme le Bazartober, où il faut faire un dessin par jour, et j’ai vraiment adoré sa technique pour trouver quoi dessiner : trois listes de mots, et chaque jour on pioche un mot au hasard dans chacune des listes pour constituer le sujet du nouveau dessin ! Je peux vous jurer une chose : dès que j’aurai plus de temps pour dessiner et épuisé mes propres sujets dessins, je veux absolument tenter ce genre de challenge avec cette méthode ❤

Bref, Mathieu Coudray, en couleur comme en noir et blanc, j’adore ❤ Je vous encourage vraiment à découvrir son site Internet si ce n’est pas déjà fait, ainsi que son compte Instagram. Personnellement, j’attends avec impatience le tome 2 du Registre des Chats Imaginaires ; je zyeute avec envie sa trilogie des Enfants du Ciel, mais je suis aussi très tentée pour m’offrir certains de ses tableaux que je trouve vraiment magnifiques. Bien entendu, j’espère qu’il va aussi refaire un artbook en noir et blanc ! Et vous, pour quoi auriez-vous envie de craquer ? ^^

Ma p’tite collection d’artbooks #1 : Chane

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Bien le bonjour bande de gens, j’espère que vous allez bien ^^ Je vous propose, avec ce premier volet, une nouvelle série de post pour vous présenter mes artbooks et les artistes qui les ont réalisés. Oui, j’avoue, y a une part de frime. J’aime partager mes beaux artbooks, chouchous parmi les précieux.

Depuis quelques années, le financement participatif a connu un vrai développement et a permis à beaucoup d’auteurs ou d’artistes de développer plus facilement leurs projets. Après, rien n’est magique, plus tu as su te construire une communauté, plus ton projet de financement a des chances de réussir.
De mon côté, n’ayant pas ladite communauté, lancer un projet est pour l’instant voué à l’échec ! Du coup, j’ai craqué pour tous pleins d’artbooks sur les projets des autres 😀 En fait, la montée de la pratique du crowdfunding coïncidait pour moi avec la découverte d’Instagram, où je me suis mise à suivre plusieurs artistes. Toujours plus de belles illustrations ^^ Du coup, quand mes préférés sortaient un projet sur Ulule, Kickstarter ou encore KissKissBankBank, je n’ai presque jamais su résister 😀 Le premier craquage a été pour Yuumei, mais je vous rebats souvent les oreilles avec elle en ce moment, donc je vais attendre un peu avant de vous en remettre une couche !

A la place, je vous propose de découvrir Chane, une artiste fabuleuse ^^ Ce qui m’a tout de suite attirée chez elle, outre le fait qu’elle dessine des dragons et que les dragons c’est la vie, c’est sa palette de couleurs : c’est vif, coloré, certaines illustrations sont de véritables déferlantes, du genre qui flingue ta cartouche couleur d’imprimante en une seule impression 😀 Mon premier coup de cœur était sur un tigre violet vif de toute bôté ^^
Deuxième point qui a emporté tout mes suffrages (oui, on est plusieurs à voter dans ma tête), c’est la créativité de l’artiste : ses dragons sont splendides et certains sont des petites pépites d’originalité ! Tantôt majestueux, tantôt mignons, tous différents ou farfelus, c’est un régal.

Les deux premiers artbooks réalisés par Chane sont inspirés par énornément d’univers, mais aussi les cultures respectivement suisse et cambodgienne ; elle y a également fait quelques pages de BD ! Pour ma part, mon premier craquage a été pour son artbook Rise, qui condense 10 ans de travail et d’illustrations. On en prend plein les mirettes ❤
Et quelques mois après, j’ai vite re-craqué pour son artbook Draconis, qui existe également en deux volumes. Pourquoi ? Primo, c’est un artbook façon carnet de voyage dans un pays de dragons, et rien que ça, je signe d’office. Deuxio, l’artbook sert de base pour planter le décor de l’univers du jeu de rôle du même nom ! Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, on n’est pas du tout dans un trip donjons et bastons, mais plutôt dans un JDR feel good, inspiré de l’ambiance des films Ghibli. Je vous laisse cliquer sur ce lien pour en savoir plus ; si j’ai bien calculé mon coup, vous arriverez juste à temps pour participer au crowdfunding Ulule pour lancer ce JDR ^^

Je vous laisse découvrir les images que j’ai pu piocher, pour vous montrer le style de l’artiste 🙂 Si vous aimez comme moi, n’hésitez surtout pas à jeter un oeil à son site Internet, son compte Insta où elle partage ses dessins, ou son compte Facebook où elle fait parfois des vidéos et des petites actus !

Personnellement ces deux artbooks font partie de mes p’tites fiertés dans ma bibliothèque, j’adore les feuilleter et à chaque fois c’est un plaisir renouvelé ^^ Rise en particulier est impressionnant, car non seulement c’est une superbe démonstration de talent, de travail et de persévérance, mais en plus on voit vraiment l’évolution du style de Chane : ça me fascine toujours ! Et Draconis… les dragons. Les dragons de Chane. Inimitables et incroyables, je donnerais cher pour qu’ils existent en vrai.

Et vous ? Avez-vous de beaux livres et/ou des artistes qui vous mettent des papillons dans les yeux et des paillettes dans le ventre ? Dites-moi tout en commentaire ou sur Instagram, je suis toujours à l’affût de nouvelles découvertes 😁

Un peu de poésie enragée : Do not go gentle into that good night

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Bien le samedi bande de poésies, nouveau bonjour et nouveaux gens ! Encore une poésie, on ne m’arrête plus ! Une poésie que j’ai découverte un peu par hasard, une autre preuve que le hasard fait très joliment les choses : je regardais un épisode de Doctor Who (celui où David Tennant rencontre Shakespeare), où le Docteur cite un vers d’un poème, précisant à Shakespeare qu’il ne pourra pas le reprendre, car le poème doit être écrit par quelqu’un d’autre dans le futur. Bon, je ne me rappelle malheureusement pas la ligne de dialogue, mais elle m’avait obsédé à ce moment-là ! Je voulais absolument savoir qui l’avait écrite.

Et enfin, j’ai su 😀 Il s’agit d’un poème de Dylan Thomas (1914-1953), qui a été reconnu comme l’un des plus importants poètes gallois du XXe siècle. C’est même son poème le plus connu : Do not go gentle into that good night. Pour vous donner un peu plus de détails, il était plus proche des poètes romantiques que de ceux de sa génération ; il aimait cultiver son image de poète maudit sombrant dans l’alcool, se vantait de sa consommation… et c’est d’ailleurs elle qui finira par avoir sa peau. Très célèbre déjà de son vivant, son travail était très aimé pour sa rythmique, et l’auteur s’est également fait connaître avec des émissions de radio.

Le poème est en anglais, néanmoins je vous ai mis une traduction française plus bas, de Line Audin, agrégée d’anglais (et prise sur ce site) 🙂 Par ailleurs, il existe une lecture enregistrée de l’auteur pour son poème, disponible sur Youtube mais… j’avoue ne pas être fan du tout, c’est horrible parce que c’est sans doute la meilleure lecture possible, vu que c’est celle de l’auteur et qu’il avait l’habitude d’être enregistré ^^’ Mais je préfère largement la lecture d’Iggy Pop, et c’est celle que je vous ai mis encore en-dessous, pour que vous puissiez profiter de la musique de la version originale !

Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day ;
Rage, rage against the dying of the light.

Though wise men at their end know dark is right,
Because their words had forked no lightning they
Do not go gentle into that good night.

Good men, the last wave by, crying how bright
Their frail deeds might have danced in a green bay,
Rage, rage against the dying of the light.

Wild men who caught and sang the sun in flight,
And learn, too late, they grieve it on its way,
Do not go gentle into that good night.

Grave men, near death, who see with blinding sight
Blind eyes could blaze like meteors and be gay
Rage, rage against the dying of the light.

And you, my father, there on the sad height,
Curse, bless, me now with your fierce tears, I pray.
Do not go gentle into that good night.
Rage, rage against the dying of the light.

N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit,
La vieillesse devrait s’embraser, se déchaîner face au jour qui s’achève ;
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

Même si sur sa fin l’homme sage sait que l’obscurité est méritée,
Parce que ses mots n’ont fendu nul éclair il
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.

L’homme bon, près de la vague ultime, pleurant
Sur ses frêles exploits dont l’éclat aurait dansé sur une verte baie,
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

L’homme insoumis qui s’empare du soleil en plein vol et le chante,
Apprenant, trop tard, qu’il l’a peiné dans sa course,
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.

L’homme grave, qui, agonisant, voit, vision aveuglante
Que l’œil aveugle pourrait flamboyer tel un météore et se réjouir,
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

Et toi, mon père, là-bas sur ce triste promontoire,
Maudis-moi, bénis-moi maintenant de tes larmes de colère, je t’en supplie.
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

Ce poème est, à ce que j’ai lu, l’un des plus accessibles de Dylan Thomas. N’ayant pas lu les autres, je me garderai de juger ; mais c’est vrai qu’ici, le thème du poème est très vite clair : c’est l’approche de la mort et le refus de se laisser mourir. Le poème est un villanelle, c’est-à-dire une succession de couplets avec un refrain qui revient régulièrement. Et ce refrain est extrêmement fort, on est vraiment dans l’idée de ne pas laisser faire, de se dresser à nouveau et de tendre les bras vers la lumière, alors même qu’on est à l’agonie. C’est lutter contre un ennemi imbattable, la mort elle-même, celle qui emporte tout le monde à la fin : le vieil homme, l’homme sage, l’homme bon, l’homme insoumis,… Et la frustration, le désespoir à leur comble quand on est forcé de rendre les armes. L’image est belle, les mots sont puissants, et plus je relis ces vers, plus je les aime.
Chapeau d’ailleurs à la traduction de Line Audin, qui parvient à reprendre le rythme des vers finaux, et à les rendre tout aussi fascinants en français. La dernière strophe donne des frissons, puisque le poète supplie son père de lutter à son tour, et de ne pas se laisser mourir (toutefois, Dylan Thomas a écrit son poème quelques années avant la mort de son propre père).

Pour accompagner ce poème, il y avait juste une infinité de tableaux ou illustrations possibles, du coup je suis revenue à mes artistes chouchous 😀 L’image d’un homme qui se relève, qui lutte contre sa mort, j’imagine tellement ça avec une musique épique et une scène badass, que du coup, l’illustration s’est imposée d’un coup : un dragon. Les dragons sont pour moi l’incarnation ultime de la puissance, la colère et la liberté combinées. Imaginez un rugissement, un vrai rugissement de dragon, alors qu’il étend ses ailes, immense et incroyable. Un dragon qui se dresse et hurle pour échapper à l’ombre et rejoindre la lumière.

Tout naturellement j’ai pensé à la sublime illustration Arsenic et Boule de Gomme (aka le duo de Elian Black’Mor et Carine M.), celle qui se trouve en couverture du sublime Sur la piste des dragons oubliés. Je vous ai parlé plusieurs fois d’eux, je suis complètement fan, et ils l’ont bien compris au dernier festival de la BD d’Angoulême : je suis arrivée avec un sourire béat vissé aux lèvres, eux-mêmes n’ont pas bien compris au début et ça me chagrine de me dire que je les ai ptet un peu inquiétés au début XD Cette illustration est juste parfaite pour le poème de Dylan Thomas, on a tout ! Le déploiement incroyable des ailes, les ombres qui semblent vouloir engloutir la créature, la lumière presque ténue au loin, et ce rouge écarlate, prêt à tout embraser une nouvelle fois. Rage, rage against the dying of the light.

Il y avait toutefois une autre artiste qui me tentait, c’était Yuumei. Cette fois-ci, j’avais moins en tête un mouvement de fureur, comme un volcan qui explose, qu’une idée de rébellion, de résistance face à une tyrannie. Bon, la mort reste la mort, et je suis intimement convaincue qu’elle est une chose nécessaire. Mais si on pense plutôt à une métaphore, il s’agirait plutôt de lutter contre la disparition de la liberté, contre l’oppression, voire même (et ce ne serait plus tellement une métaphore mais une triste réalité) contre la disparition du monde connu. Si j’ai pensé à Yuumei, c’est que non seulement elle a réalisé plusieurs sublimes illustrations dénonçant le réchauffement climatique et l’inaction, mais également un webcomic où il est question de lutter contre une tyrannie. J’ai choisi cette image juste au-dessus, parce qu’entre les oiseaux et les plantes, et cette image de rebelle, je retrouve le même sentiment qu’à la lecture du poème de Dylan Thomas.

Connaissiez-vous toutes ces oeuvres ? Aimez-vous leur association ? N’hésitez pas à me dire votre avis ou vos conseils en commentaire 😀

Un peu de poésie pécheresse : Révolte

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Bien le samedi bande de poésies, nouveau bonjour et nouveau gens ! Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas parlé poésie par ici, et ça me manquait 🙂 Je vous ai parlé de beaucoup de poétesses maintenant, et ça commence à me prendre pas mal de temps pour vous trouver de nouveaux poèmes et de nouveaux artistes. Mais Internet est plein de ressources, et d’ici à ce que j’ai épuisé la bête, on a le temps de mourir cinq fois du réchauffement climatique 😛

Je vous présente donc Forough Farrokhzad, une poétesse iranienne née en 1935 et morte en 1967. Je ne sais pas si vous saisissez bien ce que ça implique : être une femme, poète, en Iran. Sachant qu’actuellement, et probablement aussi à son époque, l’Iran et les droits des femmes, ce sont deux choses à peu près aussi éloignées que les politiciens et les actions concrètes contre la pollution. Elle-même a eu sa part d’injustices : mariée à 16 ans, elle divorce en 1954 et se voit retirer la garde de son fils, car elle avait eu des aventures extra-conjugales. Ne pouvant voir son fils que de très rares fois, elle souffrait beaucoup du fait que l’enfant grandissait en croyant que sa mère l’avait abandonné pour vivre de poésie et de luxure.
Forough ne s’est pas contentée de la poésie : actrice, écrivaine, cinéaste, réalisatrice, elle a touché à tout. Ses poèmes ont fait couler beaucoup d’encre et scandalisé pas mal de monde, car Forough était féministe et n’hésitait pas à révéler dans ses œuvres l’intimité des femmes, leurs désirs et leurs aspirations ; elle réclamait l’indépendance et la liberté pour son sexe. Pour autant (et c’est ce que je préfère), elle estimait qu’un poème ne devait pas être considéré pour le genre de son artiste, mais pour son humanité, ou plutôt sa capacité à se séparer de son auteur pour atteindre un niveau où il est considéré pour son mérite en tant qu’œuvre. De fait, elle militait pour donner plus de place aux femmes, tout en dépassant la traditionnelle frontière des rôles homme-femme.

Bref ! Maintenant vous avez assez de matière pour replacer le poème que j’ai choisi dans son contexte ^^ Voici donc « Révolte », un titre qui se passe de commentaires :

Ne scelle pas mes lèvres au cadenas du silence
Car j’ai dans le cœur une histoire irracontée
Délivre mes pieds de ces fers qui les retiennent
Car cette passion m’a bouleversée

Viens, homme, viens, égoïste
Viens ouvrir les portes de la cage
Toute une vie, tu m’as voulue en prison
Dans le souffle de cet instant, enfin, délivre-moi

Je suis l’oiseau, cet oiseau qui depuis longtemps
Songe à prendre son envol
Mon chant s’est fait plainte dans ma poitrine serrée
Et dans les désirs, ma vie a reflué

Ne scelle pas mes lèvres au cadenas du silence
Car il me faut dire mes secrets
Et que je fasse entendre au monde entier
Le crépitement enflammé de mes chants

Viens, ouvre la porte, que je m’envole
Vers le ciel limpide du poème
Si tu me laisses m’envoler
Je me ferai rose à la roseraie du poème

Mes lèvres sucrées par tes baisers
Mon corps parfumé à ton corps
Mon regard avec ses étincelles cachées
Mon cœur plaintif, par toi rougi

Mais ô homme, homme égoïste
Ne dis pas c’est une honte, que mon poème est honteux
Pour ceux dont le cœur est enfiévré, le sais-tu,
L’espace de cette cage est étroite, si étroite ?

Ne dis pas que mon poème était péché tout entier
De cette honte, de ce péché, laisse-moi ma part
Je te laisse le paradis, ses houris et ses sources
Toi, laisse-moi un abri au cœur de l’enfer

Livre, intimité, poème, silence
Voilà pour moi, les sources de l’ivresse
Qu’importe de n’avoir pas voie au paradis
Puisqu’en mon cœur est un paradis éternel !

Lorsque dans la nuit, la lune danse en silence
Dans le ciel confus et éteint
Toi, tu dors et moi, ivre de désirs inassouvis
Je prends contre moi le corps du clair de lune

La brise m’a déjà pris des milliers de baisers
Et j’ai mille fois embrassé le soleil
Dans cette prison dont tu étais le geôlier
Une nuit, au profond de mon être un baiser me fit vaciller

Rejette loin de toi l’illusion de l’honneur, homme
Car ma honte m’est jouissance ivre
Et je sais que Dieu me pardonnera
Car il a donné au poète un cœur fou

Viens, ouvre la porte, que je déploie mes ailes
Vers le ciel limpide du poème
Si tu me laissais m’envoler
Je me ferais rose à la roseraie du poème

Le poème est certes un peu long, mais j’ai beaucoup aimé les images et le calme qui en ressortent. Il y a même une petite ritournelle avec l’image de la rose à la roseraie du poème qui revient ; et à chaque fois, ça donne un peu plus le frisson. C’est la femme qui se libère par elle-même, et ce peu importe à quel point l’homme essaye de l’enfermer : il ne pourra jamais l’atteindre en son for intérieur. Certes, elle réclame sa liberté (et avec raison), mais elle revendique aussi : il n’y a pas de honte, pas de pudeur à avoir, elle assume totalement sa passion et ses désirs face à un regard masculin et condamnateur.
Je sais qu’aujourd’hui c’est quelque chose de limite banal, avec la mode de la sorcellerie, de parler d’intériorité féminine. Mais dans un contexte où absolument tout est contrôlé par les hommes et où les femmes n’ont aucune liberté d’expression, c’est incroyablement fort et courageux de dire : « tu ne peux pas contrôler ce que je pense, et, tu as beau te dire supérieur à moi, tu n’as pas la plus petite idée de la richesse de ce que je ressens ». Et surtout, là où dans un poème comme Pilori, la colère et l’envie de vengeance sont présentes, ici ce n’est pas ce qui est recherché. Au contraire, elle est au-delà de ça et ne cherche qu’à profiter du bonheur d’être en vie et d’écrire, bref elle veut s’assumer.

Pour l’illustration, beaucoup, beaucoup de prise de tête, et finalement plus de choix que je ne pensais ! Au départ je voulais un tableau qui colle au sens du poème, mais c’était très dur de trouver un choix à la fois pertinent et qui me plaise. Et ce qui vous a ptet semblé évident ne m’est venu qu’après : mettre en valeur une peintre iranienne. Et en fait, je n’ai pas réussi à choisir entre ces trois tableaux donc je vous ai proposé les trois 😀 Dans l’ordre :

  • Un tableau de Parya Vatankhah, une artiste franco-iranienne qui fait également de très belles réalisations dans la photographie et la vidéo. La peinture est issue de la série « The Other World » et je l’ai choisie pour son jeu de couleurs, d’un bleu calme avec un touche de rouge rébellion ^^ En plus, la forme des traits donne vraiment l’impression d’une fenêtre ou d’une ouverture sur un autre monde, donc ça colle super bien avec le poème. Et pourtant la peinture abstraite, ce n’est pas mon truc d’habitude 😀 Je vous conseille d’aller jeter un œil à son site, c’est très intéressant 🙂
  • Un tableau de Behjat Sadr (1924-2009), Trace through the black. Un grand nom, c’est la première femme peintre iranienne à avoir été considérée comme égale aux peintres masculins de son pays, et une pionnière des arts visuels en Iran. Et notre Forough a même été son élève ^^ Le tableau m’a tout de suite attiré l’oeil, et n’est pas sans me rappeler certaines images de Yuumei, une autre artiste que j’aime beaucoup : on dirait qu’il y a une sorte de trompe l’œil en plein milieu du tableau, à moins que ce ne soit un passage vers une réalité idéale. Si son travail vous plaît, n’hésitez pas à consulter le site qui lui est dédié !
  • Et enfin, Shemiran Winter de Ghazaleh Akhavan Zandjani, une artiste mondialement connue pour ses œuvres en peinture et en tapisserie ! Tapisserie persane pour être précise, avec des motifs traditionnels iranien, car la culture de son pays lui tient beaucoup à cœur. Sachez aussi qu’elle enseigne la peinture chinoise, c’est l’anecdote qui m’a faire rire, mais après tout pourquoi pas 😀 En cliquant ici, vous pouvez voir quelques unes de ses œuvres, mais c’est ce tableau qui m’a le plus marquée : le bleu des arbres est juste fascinant, je pourrais rester des heures à le regarder.

Connaissiez-vous déjà ces artistes ? Avez-vous aimé les découvrir ? N’hésitez pas à vous manifester en commentaire, je lis tout avec attention 🙂