Nouveau dimanche, nouvelle découverte ! Je continue le rendez-vous que j’ai trouvé chez Book & share, et inauguré par le blog Ma Lecturothèque 🙂 Le principe de ce post est de prendre un livre chaque semaine pour vous en citer les premières lignes.
La forme du pouvoir est toujours la même, c’est la forme d’un arbre : des racines à la cime, un tronc central d’où naissent des branches d’où renaissent d’autres branches, toujours plus longues, toujours plus fines. La forme du pouvoir est semblable au tracé d’une chose vivante qui se démène pour se projeter vers l’extérieur, pour étendre ses vrilles un peu plus loin, toujours un peu plus loin.
Cette forme est celle des fleuves qui se jettent dans l’océan – de filets d’eau en ruisseaux, de ruisseaux en courants, de courants en torrents, une formidable force se rassemble, bouillonne, et gagner en vigueur pour se déverser dans l’imposante puissance marine.
C’est la forme qu’emprunte la foudre quand elle s’abat sur Terre. L’éclair qui déchire le ciel imprime son tracé sur la chair ou sur la Terre. Ces mêmes motifs caractéristiques apparaissent dans un bloc d’acrylique soumis à un courant électrique. Nous canalisons des impulsions électriques dans des séries ordonnées de circuits et d’interrupteurs, mais l’électricité veut prendre la forme d’une chose vivante, d’une fougère, d’une branche nue. Avec son point d’impact au centre, d’où le courant se propage en une multitude de ramifications.
Cette même forme se développe en nous, c’est celle qu’épousent nos arbres intérieurs constitués de nerfs et de vaisseaux sanguins. Un tronc central, et des branches qui se divisent et se subdivisent. Les signaux qui voyagent du bout de nos doigts jusqu’à notre moelle épinière, pour rejoindre notre cerveau. Nous sommes électriques. Le pouvoir est un courant électrique qui voyage en nous comme il le fait dans la nature. Mes enfants, rien de ce qui s’est passé ici ne va à l’encontre des lois naturelles.
Le pouvoir circule de la même manière entre les êtres humaines ; il ne peut en être autrement. Nous fondons des villages, ces villages deviennent des villes, les villes font allégeance aux métropoles, et les métropoles aux Etats. Les ordres circulent du centre vers les extrémités. Ce qui en résulte revient des extrémités vers le centre. La communication est constante. Les océans ne peuvent survivre sans les filets d’eau, pas plus que les troncs centenaires sans les bourgeons, ou le cerveau sacré sans les terminaisons nerveuses. Ainsi en va-t-il au-dessus comme en dessous. A la périphérie, comme en plein coeur.
En vertu de cela, tout changement de nature et d’utilisation du pouvoir humain ne peut intervenir que de deux façons : soit un ordre, une ordonnance à l’adresse du peuple, émane du palais, décrétant : « Il en est ainsi » ; soit, la plus probable, la plus inévitable, c’est que ces milliers de milliers de points lumineux envoient chacun un nouveau message. Quand le peuple change, le palais est incapable de résister.
Comme il est écrit : « Elle prit alors l’éclair au creux de sa main. Elle lui commanda de frapper. »
