Bien le bonjour bande de gens, j’espère que vous allez bien ^^ Après ce samedi, je suis en congés pour une semaine, je vous dis pas comme je compte les jours ! J’ai hâte de me poser enfin, de réussir à ne plus penser boulot sur plus de 24h (ça c’est pas dit, mais on va essayer) !
Nouvelle chronique littéraire ! Aujourd’hui je vous propose de découvrir un roman un peu particulier : ni plus ni moins qu’un précurseur de la fantasy, et écrit par une femme en plus ❤ Je l’ai découvert totalement par hasard en bibliothèque, ça fait partie de ces petites pépites dont je me souviendrai longtemps ^^ Il s’agit de Lud-en-Brume, paru pour la première fois en 1926. C’est le roman le plus connu de l’autrice anglaise Hope Mireless (1887-1978). Cerise sur le gâteau, le livre a bénéficié d’une belle réédition en 2015, avec des illustrations de Hugo de Faucompret (dont vous pouvez retrouver le travail sur sa page Instagram).
Résumé : Aux frontières de la Faërie, Lud-en-Brume est une cité prospère et paisible. Mais les secrets hérités du royaume voisin ne sauraient rester indéfiniment dans l’ombre. Les fruits féeriques, drogue nocive et bannie de la société luddite, circulent dans la région. Ranulph semble en être victime, et son père, le Maire Nathaniel Chantecler, qui faisait jusqu’à maintenant régner la Loi d’une poigne molle et tranquille, se doit bientôt de faire l’impensable pour sauver son fils et sa cité. Mais heureusement pour Lud-en-Brume, Nathaniel est doté d’un esprit des plus pragmatiques… et d’une tête dans la lune.
Mon avis :
Un bon roman de fantasy, c’est bien. Un bon roman illustré de fantasy, c’est mieux ! Et j’ai été totalement charmée par les illustrations de Hugo de Faucompret : il y en a peu, mais chacune nous dépayse un peu plus. En effet, on s’attend à un récit plutôt victorien, étant donné la description qui est faite de la bonne société de Lud-en-Brume ; et pourtant, les illustrations nous montrent des personnages plus proches d’une espèce de medieval fantasy asiatique ou orientale. Bref, j’adore ! A l’instar des protagonistes, nos certitudes sont bousculées pour mieux nous entraîner dans un monde onirique ^^
L’écriture de Hope Mireless est très agréable, complexe mais aussi entraînante, elle convient parfaitement à ce genre de récit où la féérie se devine et joue avec nos perceptions, plutôt que de se dévoiler crument. L’histoire est celle de la ville de Lud-en-Brume, gouvernée par une élite hypocrite et rationnelle jusqu’au ridicule ; sans surprise, il y a une critique sociale en sous-texte. De l’autre côté des montagnes qui forment une frontière naturelle à la région, il y a la Faërie, avec laquelle Lud-en-Brume partageait autrefois des liens très forts ; la Faërie, un pays étrange, aussi farfelu et bizarre que ses voisins se veulent sérieux et bourgeois. Les fruits féériques provoquent des hallucinations, déconnectent complètement de la réalité et des conventions : autant dire que c’est le mal à l’état brut pour les luddites, qui vont jusqu’à nier l’existence de ces fruits, comme pour mieux les cacher sous le tapis. Aussi, lorsque le trafic de ces fruits prend de plus en plus d’ampleur, les respectables notables de la ville sont complètement désemparés… encore plus lorsque leurs propres enfants y goûtent et apportent la honte sur leur famille.
J’adore ce genre de récit qui oppose les conventions, la société, et la nécessaire part de folie, de chaos qui peut et doit exister en chacun de nous. Les personnages peuvent paraître cliché pour certains, mais ça me fascine de voir leurs réactions face à la révolution qui s’annonce, leurs machinations, leurs prises de consciences,… Ceci dit, Nathaniel Hawthorne est à part dans cette ménagerie : sous le vernis bien pensant, c’est un homme tourmenté par un son étrange, un rêveur et un esprit espiègle. C’est aussi un père aimant, quoiqu’on voit vite qu’il tient plus à son fils, son héritier, qu’à sa fille. Mais je suppose qu’ici, ce sont le contexte du récit et le contexte d’écriture qui jouent.
L’intrigue a quelque chose de machiavélique, on voit moins la propagation des fruits féériques que leurs effets surprenants et un peu inquiétants sur ceux qui les mangent ; c’est aussi une enquête pour trouver qui est responsable, et empêcher qu’il ne fasse disparaître plus de victimes. La folie progresse dans Lud-en-Brume de façon inexorable ; Nathaniel lutte au départ, pourtant cette folie trouve un certain écho en lui. C’est aussi son courage et sa ténacité qui se révèlent, longtemps endormis sous la couche des convenances. A son contact ou poussés par la situation, les autres personnages aussi révèlent des facettes inattendues d’eux-mêmes.
Un conte merveilleux pour adulte, une enquête aux accents de fantasy, il y a tout pour me plaire ❤ Quelque part ce roman me rappelle beaucoup Délius : Une chanson d’été de Sabrina Calvo, que je vous conseille tout autant ! Je suis heureuse d’avoir découvert ce titre, encore plus de l’avoir trouvé totalement par hasard ^^