Premières lignes… #308

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Nouveau dimanche, nouvelle découverte ! Je continue le rendez-vous que j’ai trouvé chez Book & share, et inauguré par le blog Ma Lecturothèque 🙂 Le principe de ce post est de prendre un livre chaque semaine pour vous en citer les premières lignes.

Viv enfonça sa grande épée dans le crâne de l’écailleverte avec un bruit de viande écrasée. Ses bras musclés se tendirent tandis qu’elle l’arrachait du corps de la bête dans un jaillissement de sang, Noirsaignée vibrant entre ses mains. La reine écailleverte gémit longtemps… avant de s’effondrer sur la roche.
Soupirant, Viv tomba à genoux. Le cisaillement persistant dans le bas de son dos se fit plus pressant. Elle se massa avec l’un de ses larges poings pour calmer la douleur. Essuyant la sueur et le sang coulant sur son visage, elle contempla la reine morte. Des acclamations et des cris retentirent derrière elle.
Elle se pencha un peu plus. Oui, c’était là, juste au-dessus de la narine. Toute en dents improbables et yeux innombrables, la tête de la bête était deux fois plus large qu’elle avec une mâchoire immense et, au milieu, le renflement de chair mentionné dans ses lectures.
Viv y enfonça les doigts pour l’ouvrir. Une pâle lueur dorée s’en échappa. Elle mit toute sa main dans la poche de chair, referma le poing sur une excroissance organique à facettes et tira. Elle la libéra dans un déchirement de fibres.
Fennus vint derrière elle. Elle pouvait sentir son parfum.
« C’est donc ça ? demanda-t-il, vaguement intrigué.
— Ouais. »
Viv grogna en se remettant debout, utilisant Noirsaignée comme une béquille. Sans se donner la peine de nettoyer la pierre, elle la glissa dans une poche de sa bandoulière et balança sa grande épée sur son épaule.
« Et tu veux que ça ? » insista Fennus en la dévisageant, un air amusé sur son beau visage tout en longueur.
Il montra les murs de la caverne où la reine écailleverte avait enkysté une quantité incalculable de richesses dans des cocons de salive durcie. Des chariots, des coffres et les os d’hommes et de chevaux étaient suspendus au milieu de l’or, de l’argent et des gemmes : les restes brillants de siècles d’accumulation.
« Tout juste. Nous sommes quittes. »
Le reste de la bande s’approcha. Roon, Taivus et la petite Gallina arrivèrent, victorieux, joyeusement bavards et épuisés. Roon nettoyait sa barbe pleine de boue, Gallina rengainait ses dagues et Taivus se glissa derrière eux, grand et attentif. C’était une bonne équipe.
Viv se tourna en direction de l’entrée de la caverne, où une faible lumière était encore visible.
« Où tu vas ? l’interpella Roon de son habituel ton rugueux et affable. 
— Dehors.
— Mais… Tu ne vas pas… » commença Gallina.
Quelqu’un la fit taire, probablement Fennus. Viv se sentit un peu honteuse. Elle appréciait particulièrement Gallina et aurait sûrement dû prendre le temps de s’expliquer.
Mais elle en avait fini. Pourquoi faire traîner les choses ? Elle ne voulait pas vraiment en parler. Si elle le faisait, elle risquait de changer d’avis.
Après 22 ans d’aventures, Viv avait eu son quota de sang, de boue et d’embrouilles. Une vie d’orc était faite de force et de violence, et s’achevait soudainement et brutalement. Qu’elle soit damnée si elle finissait sa vie ainsi.
Il était temps de passer à autre chose…

Une réponse "

  1. Ah, celui-là, ça fait super longtemps qu’il me fait envie, depuis que je l’ai découvert chez Ma Lecturothèque 😉

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