Bien le bonjour bande de gens, j’espère que vous allez bien ! Nouveau samedi et nouvelle poésie, je suis allée la chercher à nouveau sur le site Oniris, que je ne peux que vous conseiller ^^ Cette fois-ci, un poème un peu triste d’un artiste dont le pseudo, fort austère, se présente ainsi : Pouet.
Hein, quoi ? J’aurais choisi le poème d’aujourd’hui en partant uniquement du nom du poète ? Meeeuuuhh non, qu’allez-vous imaginer… (c’est totalement ça)
Le poème date de 2020 et son titre n’est pas sans rappeler le célèbre tableau de Magritte, « Ceci n’est pas une pipe ». Que penser d’un poème qui proclame que la poésie n’existe pas ?

Le souvenir éteint de ce linge froissé
sur un fil de fer tu étendais nos peinesla rouille du soleil sur tes doigts esquissait
comme le ruisseau jauni
d’une lueur incertaineaucune rose sur ta peau
si peu d’étoiles en tes murmuresil n’y a rien au creux du soir
cette candeur désabusée
le pâle écrin de la tristesse
ne sont que des fleurs mouilléessur le balcon
les âmes sèchentj’ai suivi à rebours
l’impasse de tes yeux
au détour d’un regret
je me suis retrouvémais c’est en déchiffrant
chacun de tes sourires
que j’ai appris à lireet si je sais nager
ce fut en me baignant
aux confins de tes lèvrescar j’ai repeint les murs
du gris de mes silences
en mimant les couleurs
de tes éclats de vivreun ange s’est pendu
aux cils de l’espoir
lorsque tu recopiais
un verset de mon coeurcombien de feuilles mortes
pour que tu n’oublies pas
le regard fané
que je portais sur toides cailloux sur les rails
un mouchoir dans ta main
et nos masques figés
sur l’instant qui s’en vaparce que les cendres de la veille
parce que l’odeur du café froid
des mots sur le parvis des rêvesla poésie n’existe pas
D’habitude, j’aime choisir des poèmes rigolos ou au contraire macabres, parfois plein d’amour, mais jamais encore je crois vous avoir présenté un poème sur la disparition du sentiment amoureux. Ici, on nous raconte l’histoire d’un couple qui a vécu et dont la passion a fini par s’éteindre, en dépit des nombreux efforts pour la ranimer. Le poème peut se décomposer en trois parties : la description d’un couple et d’une routine où l’amour s’est éteint, les souvenirs et l’espoir de raviver la flamme, et enfin la désillusion et l’amertume.
J’aime énormément la complexité et la délicatesse du poème. Les émotions qu’il évoque sont profondes et donnent presque envie de pleurer. Les vers sont à la fois courts et percutants, avec de très belles images pour dire tour à tour le regret, la tendresse passée et le deuil final. La poésie qui n’existe pas, ce sont tous les poèmes qui parlent d’amour idéal et intemporel, de roses fraîches et de chaleur : ici, ces mots ont tout juste la saveur du réchauffé, comme usés par la routine et le temps. La poésie n’existe plus pour ce couple, ils sont dans l’impasse et pourtant la tendresse et l’affection sont toujours là, dans ce dernier espoir de redevenir un couple amoureux et dans les souvenirs d’antan. Mais tout cela appartient désormais au passé, et il faut lui dire adieu, comme à un train qui s’en va.
Pour aller avec le poème, je vous propose le tableau d’Edgar Degas intitulé L’Absinthe, peint entre 1875 et 1876. On peut y voir un homme et une femme dans un bar, tous deux ont le regard dans le vague et l’air éteint. Aucun contact entre eux, pas même un échange de regards. La femme en particulier a l’air à la fois résignée et triste. Nous n’avons pas vraiment de moyen pour dire s’ils sont en couple ou non, mais s’ils l’étaient, je pense que le tableau correspondrait très bien au dernier vers du poème.
Bref, un poème à la fois beau et triste, j’espère qu’il vous plaira autant qu’à moi et que vous aurez envie de découvrir d’autres poèmes de l’auteur 🙂
Il y a une véritable mélancolie qui se dégage de ce poème, c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup !
Je suis contente qu’il te plaise ❤
Beaucoup de mélancolie à la lecture, merci de la découverte !
A ton service :3
J’aime vraiment beaucoup !
Merci, ça me fait tellement plaisir que tu aimes aussi ❤
Je suis désolée, je ne suis pas vraiment sensible à la poésie
Pas de problème, je comprends 🙂