Roman gothique #7 : Vathek

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Bien le bonjour bande de gens, j’espère que vous allez bien ! J’avais prévu de consacrer cette après-midi à l’écriture, mais mon copain a libéré des étagères pour mes livres et… j’adore ranger mes livres ❤ Oui, je sais, c’est digne d’un trouble obsessionnel compulsif. Le pire, c’est que j’ai pu désengorger mes étagères, mais mon copain certifie qu’il a juste l’impression que j’ai multiplié les bouquins et il est désormais persuadé que je suis une sorcière. Ou que j’ai une cache secrète de livres dans l’appart. Ou les deux. J’ai prudemment gardé le silence 😀

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Nouvelle chronique littéraire ! Je vous propose de revenir un peu aux romans gothiques 😉 Il y a deux ans, c’était le sujet de mon premier mémoire de master (les romans gothiques féminins, pour être précise) et j’avais plutôt bien géré ^^ J’en avais profité pour vous présenter quelques titres méconnus ou incontournables du genre gothique, tel qu’il est né à la fin du XVIIIe siècle, avec les châteaux effrayants, les vertueuses demoiselles en détresse, les nobles héros et les méchants torturés et cruels, sans oublier les fantômes ! Le Château d’OtranteLa Femme Errante, Les Prisonnières de la Montagne, Le Papier Peint JauneLe Monstre, Zofloya, Les Capucins ou le secret du cabinet noir, ce sont tous de supers romans et je vous les conseille à nouveau. C’est un sujet passionnant et j’espère que ce nouveau roman vous plaira : si jamais vous avez envie de vous documenter un peu, mon mémoire est dispo en ligne en cliquant sur ce lien (n’hésitez pas à critiquer, ça me servira toujours pour la suite !). Aujourd’hui, on va se concentrer sur un des plus beaux romans gothiques : Vathek de William Beckford, écrit en 1782. L’auteur était un sacré phénomène : riche et esthète à l’image de son personnage, il a cependant connu des revers qui l’ont empêché d’atteindre la même démesure ! Mais surtout, il avait un don prodigieux pour les langues : Vathek a été écrit en français avec une virtuosité saluée par tous les critiques de l’époque, et aujourd’hui encore les experts littéraires français et anglais se disputent l’auteur 😀 Son roman et son oeuvre littéraire entière ont inspiré les plus grands noms : Lovecraft, Edgar Allan Poe, Byron, Huysmans,…

Résumé : Vathek, neuvième calife des Abassides vit aux confins de l’Orient à Samarah. Esthète et curieux, il entreprend la construction de palais dédiés au plaisir des cinq sens, puis d’une tour pour y lire les étoiles. Mais sa cruauté est aussi redoutée par ceux qui s’opposent à lui : son regard est si terrible qu’il peut littéralement foudroyer quelqu’un sur place.
Un jour, un marchand vient lui proposer deux sabres portant une inscription que nul ne peut déchiffrer. Un vieillard parvient cependant à les transcrire et confirme que ces sabres sont destinés au souverain le plus puissant. Vathek s’en trouve flatté… mais le lendemain, les inscriptions se transforment et mettent en garde ceux qui cherchent à connaître les secrets les plus impies. Un giaour (terme utilisé par les Turcs pour qualifier les infidèles) propose un remède au calife avec un pacte : s’il abjure sa foi, il aura accès à un palais souterrain empli de trésors, sous la coupe du terrifiant Eblis (équivalent de Lucifer dans le Coran)…

Mon avis : 

Je ne me prononcerai pas sur la couverture : j’ai lu Vathek avec une édition Pléiade que ma p’tite Maman m’a offert, donc pas de couverture illustrée ! Je vous ai choisie une couverture parmi tant d’autres : toutes font références au cadre oriental du roman. Ca peut surprendre, car quand on pense roman gothique d’habitude, on pense aux manoirs victoriens, à une atmosphère sombre et british à la fois. Mais il faut savoir que la fin du XVIIIe siècle, c’est aussi la mode de l’orientalisme chez les Occidentaux : on se passionne pour les pays et les coutumes exotiques, les richesses des Mille et Une Nuits, sans oublier les fascinants harems ! Alors… pourquoi pas ? 😀 

Nous allons suivre l’histoire de Vathek, calife et par conséquent chef des Musulmans. Vathek a reçu de nombreux dons : beauté, intelligence, richesse,… Il possède même un regard particulier, qui lorsqu’il est en colère peut foudroyer et même tuer celui qui regarde son oeil. Esthète dans l’âme, rien n’est trop beau pour satisfaire ses désirs : il construit quatre palais somptueux pour satisfaire ses sens et une gigantesque tour (qui n’est pas sans rappeler la tour de Babel) pour observer les étoiles et y déchiffrer les secrets de l’univers. Sa mère, la seule personne qu’il écoute, est également versée dans les arts occultes, et ne recule devant rien pour assouvir ses ambitions. Bref, deux personnages absolument charmants, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? 
En l’occurence, ce sont deux sabres inestimables qui vont provoquer le désastre : les inscriptions sur leur lame changent, promettant tantôt richesse, tantôt misère à Vathek. Or ce dernier est très susceptible et n’aime que les bonnes nouvelles. Un giaour se présente alors à lui et laisse entendre qu’il peut lui obtenir un pouvoir et des richesses sans limites. Commence alors pour Vathek un long périple où chaque étape l’amène à commettre des fautes et des péchés toujours plus irréparables : mensonges, trahisons, meurtres, rapt,… Seul compte son plaisir, et même suivre le chemin imposé par le giaour lui est pénible à partir du moment où son confort est remis en question. Poussé par sa mère qui attend avec impatience de commander aux puissances obscures, Vathek repousse tous les génies que Mahomet envoie pour le remettre sur le droit chemin : la chute n’en sera que plus douloureuse. 

La plume de Beckford est très agréable à lire : c’est fluide, on a les yeux et l’imagination remplis de merveilles et de richesses dignes des Mille et Une Nuits. Les horreurs gothiques sont à leur mesure avec des crimes terribles, des scènes de désespoir et des constructions menaçantes et ténébreuses. C’est une lente descente aux Enfers que suit Vathek, même si plusieurs fois on lui offre des occasions de revenir sur le droit chemin : en croisant des personnes pieuses et bien intentionnées, en recevant la dévotion bienveillante de tous ses sujets, en s’apercevant de la tristesse que provoquent ses actions et même en recevant la parole d’un envoyé de Mahomet le Prophète. Je dois dire que d’habitude les scènes « horrifiques » des romans gothiques me laissent de marbre, mais ici j’ai vraiment été impressionnée, au sens angoissant de la chose. Je pense notamment au désespoir sans nom que Vathek provoque en enlevant la princesse Nouronihar, ou encore la fin : je ne peux rien vous dire sous peine de spoiler, mais elle est vraiment marquante. 
Les personnages peuvent sembler caricaturaux, et il y a effectivement une sorte d’enchère dans les descriptions ; il y en a souvent dans certains récits type orientalistes, regardez simplement le titre du plus connu d’entre tous : Les Mille et Une Nuits 😉 Mais on ne peut pas s’empêcher de s’intéresser à eux, ils sont toujours plus fascinants à mesure qu’ils révèlent leur noirceur et leur cupidité. 

Bref ! Un roman assez court, super prenant et qui combine deux atmosphères aussi riches que passionnantes : l’Orient merveilleux et le gothique ténébreux. Je vous encourage à le lire et j’espère que vous l’apprécierez autant que moi 😀 

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  1. J’ai découvert il y a peu ce genre littéraire grâce à la parodie de Jane Austen. Pour le moment je n’ai lu qu’Ann Radcliffe mais d’autres m’attendant sagement dans ma PAL.
    Le cadre oriental de celui-ci m’intrigue fortement. Je me le note, merci à toi pour la découverte 😉

  2. Tu me tentes énormément, je ne connaissais pas du tout ! Et rassure toi, moi aussi j’adore ranger mes livres ❤

  3. Pingback: Roman gothique #9 : L’Italien, ou le confessionnal des pénitents noirs | Coeur d'encre 595

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