Premières lignes… #129

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Nouveau dimanche, nouvelle découverte ! Je continue le rendez-vous que j’ai trouvé chez Book & share, et inauguré par le blog Ma Lecturothèque 🙂 Le principe de ce post est de prendre un livre chaque semaine pour vous en citer les premières lignes.

Alors que la matraque de fer fendait l’air en direction de sa tête, Yukiko regretta de ne pas avoir écouté son père.
Elle roula sur le côté au moment où son abri volait en éclats tandis que des pétales d’azalée retombaient sur les épaules de l’oni comme des flocons odorants. Le démon se pencha au-dessus d’elle, haut de plus de trois mètres, la menaçant de ses défenses renforcées de métal et de ses longs ongles fendus. Il dégageait une puanteur de sépulture ouverte, avait les cheveux en feu, une peau lisse d’une teinte bleu foncé, et les yeux comme des bougies funèbres qui éclairaient la forêt d’une lueur blafarde. La matraque entre ses mains faisait deux fois la taille de Yukiko. Il suffisait qu’un coup l’atteigne et jamais plus elle ne reverrait le samouraï aux yeux bleu-vert.
Ah, c’est malin, se sermonna-t-elle. Penser aux garçons à un moment pareil !
Un rugissement chargé de postillons lui heurta la poitrine, chassant une volée de moineaux des ruines du temple derrière elle. Un éclair lécha les nuages, illuminant rapidement la scène d’une lumière blanche et brillante : l’immensité de la forêt sauvage, la jeune fille de seize ans acculée, et le démon prêt à lui écraser le crâne.
Yukiko se mit à courir.
Les arbres s’étendaient en toutes directions, créant au sol un réseau de racines enchevêtrées et d’arbustes empestant la pourriture verte. Les branches lui fouettaient le visage et déchiraient ses vêtements, la pluie et la sueur formaient un film sur sa peau. Elle toucha le tatouage de renard qui s’enroulait sur son bras droit, et suivit du doigt ses neuf queues, pour favoriser son destin. Dans son dos, le démon rugit en la voyant s’échapper entre les racines et les branches basses et s’enfoncer au plus profond de la chaleur suffocante.
Elle hurla pour alerter son père. Ou Kasumi, ou Akihito. Ou n’importe qui.
Mais personne ne vint.

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