Premières lignes… #116

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Nouveau dimanche, nouvelle découverte ! Je continue le rendez-vous que j’ai trouvé chez Book & share, et inauguré par le blog Ma Lecturothèque 🙂 Le principe de ce post est de prendre un livre chaque semaine pour vous en citer les premières lignes.

Dans le coin fenêtre d’un compartiment fumeurs de première classe, le juge Wargrave, retraité depuis peu, tirait sur son cigare en parcourant avec intérêt les pages politiques du Times.
Posant son journal, il regarda par la vitre. Ils traversaient maintenant le Somerset. Il jeta un coup d’oeil sur sa montre : encore deux heures de voyage.
Il passa mentalement en revue tout ce qui avait paru dans la presse au sujet de l’île du Nègre.
Il y avait d’abord eu la nouvelle de son achat par un milliardaire américain fanatique de yachting, assortie d’une description de la luxueuse demeure moderne qu’il faisait construire sur cet îlot au large du Devon. Le fait malencontreux que la tout récente troisième épouse dudit milliardaire n’eût pas le pied marin avait entraîné la mise en vente de l’île et de la maison. Des petites annonces dithyrambiques avaient alors été insérées dans les journaux. Jusqu’à la publication d’un sobre communiqué révélant qu’elle avait été rachetée par un certain M. O’Nyme. A partir de là, les rumeurs des échotiers s’étaient donné libre cours. L’île du Nègre avait été acquise en réalité par Mlle Gabrielle Turl, la star hollywoodienne ! L’actrice rêvait d’y passer quelques mois à l’abri de toute publicité ! La Commère laissait entendre avec tact que la famille royale comptait y établir sa résidence d’été ! M. Merryweather s’était laissé dire en confidence que l’île avait été achetée pour une lune de miel : le jeune lord L. avait enfin succombé aux flèches de Cupidon ! Jonas savait de source sûre que l’Amirauté l’avait acquise en vue d’y procéder à des expériences ultrasecrètes !
Assurément, l’île du Nègre faisait couler de l’encre !
Le juge Wargrave sortit une lettre de sa poche. L’écriture en était indéchiffrable, mais quelques mots ressortaient ça et là avec une clarté inattendue : Très cher Laurence… sans nouvelles de vous depuis tant d’années… absolument venir à l’île du Nègre… un cadre enchanteur… tant de choses à nous raconter… bon vieux temps… communion avec la Nature… rôtir au soleil… départ de Paddington à 12h40… vous ferai prendre à Oakbridge… Et sa correspondante concluait : Bien à vous, suivi d’un Constance Culmington agrémenté d’un paraphe.
Le juge Wargrave tenta de se rappeler depuis combien de temps il n’avait pas vu lady Constance Culmington. Cela devait faire sept… non huit ans. A l’époque, elle partait pour l’Italie afin de rôtir au soleil et de communier avec la Nature et les contadini. Plus tard, il avait entendu dire qu’elle avait continué sa route jusqu’en Syrie, où elle se proposait de rôtir sous un soleil encore plus ardent et de vivre en harmonie avec la Nature et les bédouins.

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